Le vendredi 4 mars, des manifestations populaires massives ont eu lieu à travers les zones libérées de la Syrie sous le slogan « La révolution continue »1. Plus de 100 manifestations ont été enregistrées ce jour-là du nord au sud du pays.
L’esprit du début de la révolution se retrouvait dans les slogans et chants démocratiques et non confessionnels comme « Le peuple syrien est un et uni », ou comme un manifestant l’a écrit sur une pancarte, « les portes de la révolution pacifique s’ouvrent à nouveau ». Le drapeau révolutionnaire syrien était brandi partout. Il faut souligner que les forces salafistes djihadistes et leurs symboles étaient absentes de ces manifestations, tandis que les soldats de Jabhat al-Nusra ont organisé une contre-manifestation plus petite dans la ville de Ma’aret al-Naaman près d’Idlib, et scandaient des slogans contre la démocratie et la laïcité et pour un État islamique.
Ces mobilisations surviennent une semaine après un cessez-le feu négocié par les États-Unis et la Russie, qui a ralenti le rythme des hostilités mais sans les stopper. Les forces du régime d’Assad et ses alliés ont continué à bombarder et attaquer des zones tenues par l’opposition, alors même que les forces de l’État islamique et de Jabhat al-Nusra, non incluses dans la trêve, n’y sont pas présentes. Selon diverses sources, il y a eu plus de 180 violations du cessez-le-feu par les forces du régime et de l’opposition… dans les cinq premiers jours de la trêve entrée en vigueur le 27 février. La majorité de ces violations ont néanmoins été commises par les forces du régime. 135 personnes ont été tuées, dont 32 civils, dans les régions couvertes par la trêve, et 552 personnes dans les autres zones.
Assad doit partir !
L’Organisation des Nations unies a déclaré que le prochain cycle de « négociations de paix » devrait reprendre à Genève le 10 mars, malgré les réticences de l’opposition qui, se plaignant des nombreuses violations du cessez-le-feu, doit encore confirmer sa participation. Celle-ci réclame aussi la libération des prisonniers et l’acheminement de l’aide humanitaire, conformément à la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l’ONU. Son médiateur, S. de Mistura, a rappelé que « l’ordre du jour du processus est clair : premièrement des négociations en vue d’un nouveau gouvernement, deuxièmement une nouvelle Constitution, et troisièmement des élections parlementaires et présidentielle dans un délai de 18 mois ». En réalité, un départ d’Assad semble encore bien loin, alors qu’aucun changement du régime autoritaire, notamment de ses forces de sécurité, n’est à l’ordre du jour…
Les nombreuses manifestations populaires de la semaine dernière, dans un pays autant écrasé par les bombes et la répression, sont impressionnantes. Elles ont montré que les Syriens libres sont prêts à saisir toutes les occasions, même un répit partiel des frappes aériennes, pour réitérer leurs revendications et proclamer les objectifs de la révolution. Leurs slogans démocratiques et non confessionnels rappellent au monde entier, une fois encore, qu’il existe une alternative au régime d’Assad et aux forces salafistes djihadistes, les deux acteurs de la contre- révolution et les deux perdants de ces mobilisations. L’alternative, ce sont ces centaines de milliers de Syriens et de Syriennes libres. Comme scandé par les révolutionnaires, « cinq ans après le début de la révolution, le peuple veut toujours la chute du régime ».
La solidarité internationale de la société civile, qui fait tant défaut au peuple syrien, est plus que jamais nécessaire ! publié dans 14 mars 2016
Joseph Daher
http://www.anti-k.org/les-revolutionnaires-syriens-toujours-debout